pour le post qui suit, je tiens a remercier @fromageordeath qui a fait la traduction de ce magnifique article de l'Huffington post du 8 juin 2010.
Je poste cet article ici car il est en relation direct avec le livre de Jim, "Life's That Way"
The Huffington Post, 8 juin 2010« Life’s that Way : Chagrin et changement »
Par Jim Beaver
Récemment, ma fille de 8 ans, Maddie, est rentrée à la maison avec un devoir d’école, celui de faire une carte pour la fête des Mères. Elle ne savait pas quoi faire. Voyez-vous, la maman de Maddie, ma femme Cécile, est décédée il ya 6 ans, quand Maddie n’avait que 2 ans. Maddie a pris la chose de façon très pragmatique: «Pourquoi dois-je faire une carte si je n'ai pas de mère? » Moi, en revanche, je retournai en arrière, jusqu’au matin où j'ai vu mourir Cécile. De là je retrouvai le souvenir d’une douleur si bouleversante que, s’il n’en avait été pour notre petite fille, je ne sais pas comment j’aurais continué à vivre. J’ai étudié ma façon de faire mon deuil alors que je le vivais, et j’ai beaucoup appris depuis. Ces jours-ci, cependant, je n’ai pas besoin d’un rappel de la mort de Cécile pour me rendre compte de la présence du deuil autour de moi. Le deuil m’entoure. Je le vois chez mes amis, mes collègues, aux informations, dans la culture. Et la douleur dont je suis témoin a peu à voir avec la mort elle-même.
Dans The Grief Recovery Handbook, John James et Russell Friedman ont défini le deuil comme "les sentiments contradictoires provoqués par un changement ou une fin dans un schéma familier de comportement." De toute évidence, le deuil dépasse, d’après cette définition, son sens populaire en relation à la mort. Le divorce, la trahison, la perte d’un emploi, d’une maison, ou d’une épargne, sont tous des éléments sources de deuil.
« Il est des moments qui mettent l’âme des hommes à l’épreuve», a déclaré Thomas Paine en 1776. Je doute qu'il y ait jamais eu un temps où beaucoup de gens n’aient éprouvé ce sentiment. Mes parents ont grandi durant la Grande Dépression ; mon père a passé toute son enfance dans une bicoque de carrés à l’époque du Dustbowl avec neuf frères et soeurs. En comparaison, il est peu de gens aux Etats-Unis qui grandissent dans ces conditions maintenant, mais il n'est rien qui à notre époque ne mette la force de caractère des hommes à l’épreuve. Les dernières années ont endeuillé de nombreux Américains, du fait des changements radicaux imposés sur eux par l'économie, par la guerre, par le climat et par la diminution de notre propre foi quant à notre capacité d'interagir humainement les une avec les autres.
Lorsqu’une femme perd l’emploi qui garantissait la subsistance de sa famille, lorsqu’un homme apprend qu’il doit quitter sa famille pour une troisième ou quatrième période de service dans une guerre impopulaire, lorsque les économies de toute une vie de personnes agées s’évaporent, à cause des paris trop risqués de Wall Street ou à cause du péché mortel de fraudeurs qui agissent en connaissance de cause, la nation elle-même est en deuil. Et le deuil de chaque personne est individuel et est ressenti à 100 pourcent. Il n’y a pas de différents niveaux de deuil. Lorsque le cœur saigne, la douleur est profonde quelqu’en soit la cause.
Comment donc faire son deuil ? En s’asseyant en robe de bure parmi les cendres, en se lamentant sur son sort et en maudissant ceux qui vous ont trahi ? Je ne vois en cela rien d’utile. Pour moi, la vie n’est pas figée dans le passé, avec la mort et les pertes. La vie est vers l’avant.
Le matin où Cécile est morte, famille et amis se sont réunis à l’hôpital. Après lui avoir dit au revoir nous sommes restés là-bas, rechignant à partir, à admettre que nous ne pouvions pas la sauver, que nous ne pouvions pas la ramener, que nous ne reviendrions pas pour une autre visite. Personne ne voulait être le premier à l’abandonner. Finalement, mon ami le plus proche pointa en direction du couloir qui nous éloignerait de la chambre de Cécile et dit : «
Life’s that way. ¬[La vie est dans ce sens.]
Allons-y. »
"Life's that way." Ces mots devinrent les mots de garde de ma vie et le sont toujours maintenant. Comme l’a dit Tom ce matin-là dans un hôpital à moitié rempli par le deuil, on trouve la vie en allant au-devant d’elle, et non pas en cédant aux déprédations qui l’accompagnent.
Life is that way -->. La vie est un but, non un passage ou une image fuyante de ce qui a été. Et le chemin est illuminé par la détermination et le pardon
Le pardon ? Oui. Le pardon n’est pas seulement quelque chose que nous faisons pour les autres. CC’est quelque chose que nous faisons pour nous-mêmes. Le pardon, c’est refuser de continuer à souffrir à cause d’une injustice. En perdant ma femme, j’ai trouvé la paix au travers l’acte de pardon, en lui pardonnant pour les fautes qu’elle a commises dans notre vie, et en me pardonnant à moi-même pour ma sottise et la douleur que je lui ai causée.
Nous ne pouvons avancer dans la vie, que ce soit en tant qu’individus ou en tant que nation, qu’en refusant de nous appuyer sur la douleur, qu’en refusant de choisir d’avoir mal, qu’en refusant de continuer à être blessés par une injustice passée. Nous voyons partout dans le monde les preuves de la tendance des hommes à ne pas pardonner. Depuis le Moyen-Orient jusqu’à l’Irelande, et tous les endroits alentour dans chaque direction, l’homme continue à garder rancunes, à souffrir à cause d’actes commis il y a si longtemps que parfois ils disparaissent et ne laissent derrière eux que la douleur. Bien sûr, justice doit être rendue, et je ne suggère pas que nous laissions sans rien faire le mal demeurer impuni. Mais jusqu’à ce que nous apprenions en tant qu’hommes, femmes et nations à pardonner et à avancer, nous ne saurons jamais quelle direction prendre. Lorsque nous abandonnerons l’injustice et inequité derrière nous, le chemin se révélera de lui-même.
Life's that way -->.
Jim Beaver est l’auteur du mémoire Life's That Way. Il est également acteur, connu notamment pour ses rôles majeurs dans les séries Deadwood et Supernatural.Traduction : ERF